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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 01:05

J'ai retrouvé cet article dans mes brouillons d'Overblog.  Il date d'il y a quelques années, le 05/07/2010. C'est un peu brouillon, mais c'en est un... wink

 

Cette maladie m'a fait prendre conscience. J'avais bien appris la biologie, au cours de mes études, j'ai eu mon DEA de biochimie largement. Mais j'ai aussi été élevée dans la religion catholique. Quand j'étais enfant, on m'avait dit que l'âme venait sur les personnes quand on était baptisé, qu'un fœtus ne pense pas, mais qu'on ne doit absolument pas le supprimer, même s'il est tout petit. On nous disait qu'après la naissance d'un bébé, il fallait vite le baptiser, parce que s'il venait à mourir, il irait dans les limbes au lieu d'aller au ciel. Ciel !...

On m'avait dit aussi que l'on décide toujours de nos actes, (sic) on nous demandait de confesser nos péchés, qui n'étaient, à mes yeux, que des incartades au règlement que l'on nous imposait. Tout ce qui n'était pas dans la liste était donc permis. J'ai été aussi influencée par ceux qui croient en la réincarnation, comme si l'esprit était déjà prêt quand le fœtus commence à se former.

Je me suis détachée de tout ça, il y a longtemps.

 

Pendant mon adolescence, vers 15/16 ans, j'avais fait un rêve très bizarre qui m'avait fait douter de ma perception. Je ne sais d'ailleurs toujours pas si c'était un rêve. Je l'ai perçu comme réalité, et m'en suis souvenue comme tel pendant des années. A présent, je doute. J'ai été très choquée,  j'ai eu extrêmement peur. Cela s'est passé pendant une nuit. J'ai été réveillée par une lumière blanche qui balayait ma chambre (mon lit, plus exactement) par la fenêtre donnant sur la campagne, au 2ème étage. A la manière d'un gros projecteur. Je n'ai pas eu envie d'en savoir plus. Je me suis cachée sous les draps. J'étais tétanisée par la peur. Je vous passe la suite. Ce ne peut être qu'un rêve, ce n'est pas plausible dans la réalité.

 

Puis, au cours de mes études, j'ai fait la bêtise de partager, avec un copain qui n'osait pas essayer tout seul, un comprimé de LSD qui a, ce soir-là, carrément transformé ma perception jusqu'à l'hallucination. Et c'était facile de vérifier que c'en était, car comme nous étions avec d'autres copains qui n'avaient rien pris, je ne pouvais que constater que ma perception du réel était carrément  différente de la leur. Cela ne m'a pas effrayée. Mais j'ai pris conscience, par exemple, que si l'appréciation des distances pouvait être modifiée à ce point, cela pouvait représenter des dangers potentiels : sauter d'un étage en étant persuadé que c'est la hauteur d'un muret, voir un pot d'eau se renverser et déverser toute son eau sur un matelas tandis qu'il reste bien immobile sur une table, etc.  Et j'ai vite compris que c'était une chance de ne pas être seule. Pour le copain, cela ne s'est pas bien passé, il s'est replié sur lui-même et j'étais tellement à l'opposé de lui, que j'étais dans l'incapacité de l'aider, ne pouvant pas communiquer. Déjà que je le connaissais très peu...

 

Quand j'ai vécu ce que j'ai appelé drôle de voyage puis : Au fond , j'ai pensé que c'était ce qu'ils appelaient un retour d'acide.

 

Quand ma 1ère phase maniaque s'est déclenchée, j'ai dit au psy de "urgences psy" qui est venu dans mon bureau : je crois que j'ai le cancer de la pensée, car je m'étais rendu compte que ma pensée s'était emballée. Et vraiment ! Cela s'était passé progressivement, mais au final, ultra rapidement.

D'abord, pendant 15 jours à peu près, des choses vraiment bizarres m'arrivaient, mais je contrôlais quand même. Puis, le 2 décembre 1988, le phénomène s'est démultiplié. On pourrait le représenter par une courbe d'un graphe que l'on voit souvent en biochimie ou biologie, par exemple celle d'une épidémie. Cependant, aucune envie de faire des choses contre ma conscience, c'est déjà un point positif. Par contre, c'est devenu vraiment incontrôlable au sens qu'on ne peut pas agir contre le processus comme dans la 1ère étape. Que ça partait dans tous les sens. Au téléphone avec des clients biologistes, j'ai totalement dérivé au point qu'ils ont appelé ma direction pour qu'ils fassent quelque chose, me faire débrayer et appeler SOS psychiatrie. (je ne sais pas si c'est le vrai nom, mais un psy se déplace sur appel) Je ne sais pas si c'est toujours comme ça à Paris. Après vérification, oui, cela existe toujours, depuis 1986 ! SOS Psychiatrie. Ce serait vraiment bien si une telle association (ou autre structure) existait aussi, ailleurs en France. On est si démunis quand une urgence psy se présente dans une famille. 

 

Beaucoup de personnes disent qu'une analyse est très dangereuse pour un bipolaire. Je n'ai pas de mal à le croire, ayant fait une auto-analyse. Personne ne m'a mis sur ce chemin-là; à un moment, j'ai voulu comprendre ce qui m'était arrivé. J'ai aussi compris que j'étais à bipolaire 1 à tendance schizophrénique et j'ai bien failli basculer dans un monde plus difficile à décrire.

Je ne pense pas qu'on puisse recommander cette démarche, mais assister les personnes qui la font, d'une manière plus ou moins consciente. Il faut être prêt d'une certaine manière, en ressentir le besoin; je dirais, un besoin vital. Parce que ça se passe. Ce serait plus sécurisé d'être hospitalisé. Mais avant tout, il faut d'abord soigner par médicaments. Sinon, c'est un peu comme construire sur des sables mouvants.

 

Cela a un rôle complètement différent des médicaments.

Les médicaments ont une action sur la biochimie et la physiologie de notre cerveau. Atteindre l'équilibre met un temps variable selon le degré de la maladie, de la dimension dont on parle (il peut y en avoir plusieurs) et aussi selon qu'on a laissé ou non la maladie se développer, sans soins. Si on compare l'activité cérébrale à celle de l'océan, par exemple, l'équilibre, c'est quand la tempête est finie.


Par contre, notre cerveau, complexe multi-univers parallèles, l'interface conscience, non-verbal, langage, tout ça existe aussi et il faut ranger les idées, à moins que ça nous saute aux yeux, et qu'on ait des interrogations permanentes sur le pourquoi de notre passé, et là, il vaut mieux y trouver des réponses.

Sinon, si on sent que c'est trop délicat, choisir plutôt des techniques reconstructives (par des activités, lignes de conduite, objectifs à atteindre, etc.)
Une introspection déjà sur une personne non malade, ce n'est déjà pas facile. Avec un esprit embué, des lunettes encore plus déformantes, et pardessus tout, un outil d'analyse un peu défectueux, si on n'est pas stabilisé par ex, alors... s'abstenir est la meilleure conduite.

 

Et si on est soigné par médicament, il ne faut pas lésiner sur les techniques reconstructrices, on n'est jamais trop équilibré !... Ou trop guéri...

 

Ce titre, c'est ce que je voulais développer, mais je manque de temps pour le faire en ce moment. Ce serait bien d'en tenir compte pour les soins. 

Je m'arrête là. wink

 

 

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Paulette Benetton

Isère, ARA, France

née en 1952

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