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Prenant mon petit déjeuner, ce matin, j'ai réentendu, tout en lisant mes mails, ma grand'mère, qui nous disait chaque fois que nécessaire :
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire viennent aisément."
Je la revois, tandis qu'on faisait nos devoirs, assise sur une chaise, près d'un coin de la table, épluchant des patates dans son tab'ier.
Mais qui en était l'auteur ?
Mauvaise en français, pas étonnant quand on n'écoute pas... Et probablement intéressée par beaucoup d'autres choses au temps de mes années lycée.
J'ai quand même trouvé la réponse.
1636 - 1711 Nicolas Boileau
Il est certains esprits...
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre ou le tour vicieux :
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse :
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...]
J'adore !
Ah ! Qu'il aurait aimé l'ordinateur ! Je pense...