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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 10:36

 

Parcours de santé mentale, [2007-2010] Blog 1 

 

Cette hantise des explosions prend son origine dans ma petite enfance et a été renforcée plus tard.

 

 

Ma première expérience fut la découverte de la dilatation des gaz quand la température augmente ! Je vous rassure, je n'ai pris conscience que plus tard, au début ce fut très rudimentaire. Je devais avoir environ 3 ans, on m'avait offert 3 petits ballons de caoutchouc qui devaient faire environ 12 cm de diamètre, je les aimais beaucoup, et j'avais pris l'habitude de les ranger dans le four de la cuisinière à charbon de la cuisine. Un petit placard juste à ma hauteur et à la bonne taille pour mes petits trésors... Mais quand vint le froid, ma mère, sans y penser, alluma le feu. Et la porte du four s'ouvrit brutalement dans un grand boum et les ballons explosés furent éjectés ! J'ai eu une très grande frayeur ce jour-là, je me demande d'ailleurs si ce n'est pas moi qui ai ouvert la porte du four, voulant les récupérer. Mes parents étant décédés, c'est difficile d'avoir la v.o.

 

Les moyens financiers de la famille étant très réduits à cette époque, ma grand'mère entreprit de reconstituer les ballons en recousant les débris, bourrés à l'intérieur avec des chutes de tissus. Quand elle me montra mes ballons, j'ai hurlé : les ballons chauds ! les ballons chauds ! en partant me cacher, terrorisée. Après quelques essais infructueux, elle ne m'a plus montré les ballons chauds.

 

 

 

Ma deuxième expérience, je l'ai vécue un peu plus à distance. Le feu avait pris dans une ferme de mon village natal, et je ne sais pourquoi, mon père nous a emmené en voiture pour regarder. La route était à quelques 200 mètres du sinistre, et nous étions tous à nous concentrer pour que l'intervention des pompiers arrête ça. Mais ça n'a pas suffi pour empêcher que cette maison soit rendue inhabitable. En tout cas, cette vision m'a beaucoup impressionnée, pour ne pas dire terrorisée.

 

 

 

Ma troisième expérience fut beaucoup plus rapprochée. C'était au laboratoire de chimie organique, pendant que je faisais ma thèse. Pour les connaisseurs, je devais synthétiser un réducteur encombrant. Il fallait le fabriquer en faisant réagir un perchlorate sur un hydrure. Au préalable, j'ai dû synthétiser mon perchlorate, une grosse molécule, qui serait le "groupement" qui devait empêcher l'accès de mon réducteur à certaines zones de la molécule pour l'expérience finale. Quand j'ai eu synthétisé mon perchlorate, on m'avait bien prévenue, il ne faut pas gratter la poudre obtenue car on risque l'explosion, ce que je me suis bien gardée de faire.

 

Par contre, je devais vérifier la qualité de mon produit et le point de fusion est une caractéristique spécifique de la molécule. Je l'avais trouvée dans la littérature, il ne me restait plus qu'à vérifier. J'ai entrepris la mesure. Sur le banc Kofler, mon échantillon n'a pas fondu. La température de fusion était donc bien supérieure à 260°C. J'ai fait un tube capillaire (le diamètre est de l'ordre du mm) que j'ai rempli sur 5/6 mm de ma poudre blanche. J'ai commencé à surveiller la fonte de mon produit dans le bain d'huile qui avait déjà bien dépassé 300°C. Soudain, j'ai vu une lumière blanche au dessus de mes yeux, avec un bruit d'explosion. Le bain d'huile avait éclaté. Pourtant, ses parois étaient d'un matériau transparent très épais. Je n'ai pas eu le temps de lire le point de fusion.

 

Heureusement, j'avais des lunettes et une blouse épaisse, qui m'ont empêchée d'avoir des brûlures graves par l'huile brûlante. J'ai été très choquée, et la seule chose que j'aie entendue du patron du laboratoire et de ses assistants :

- Vous ne saviez pas que c'était un explosif ?

- Si, mais je ne savais pas qu'un produit pouvait exploser en fondant.

J'ai persévéré pendant environ 1 mois dans le laboratoire. J'ai bien réfléchi et j'ai tout arrêté. Obtenir un doctorat à ce prix-là, non ! D'autant que cela pouvait facilement se terminer dramatiquement. Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour l'étudiant qui a pris ma suite. Ils n'ont pas voulu me dire, un jour où je suis repassée par là, ce qui lui était vraiment arrivé. J'ai cru comprendre, un bras ? pire ? Je n'ai jamais su.

 

 

 

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commentaires

D
Bravo un article très intéressant !
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D
Bravo cet article est original !
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P
On peut voir ça comme ça .... Ce ne sont que des moments de ma vie :)

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Paulette Benetton

Isère, ARA, France

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