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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 22:21

Parcours de santé mentale, [1994-2002] V1 autoédit. 2002  allégée, accueil et articles 1-26  

 

À ma sortie de l’hôpital, j’ai d’abord réintégré la maison familiale. Je n’avais plus d’autre domicile. Avec mon accord, pendant mon hospitalisation, suite à mon licenciement, une de mes sœurs avait, avec l’aide d’une de mes tantes, organisé mon déménagement de Paris vers un garde-meubles.

 

C’est un peu comme si je venais de me réveiller. Mais pas vraiment comme si je m’étais endormie la veille. Je n’étais sûre de rien. Encore tremblante… Avec encore beaucoup d’angoisses. Mais j’avais recouvré l’impulsion de la vie. J’avais retrouvé l’espoir en mon futur, et confiance en moi. J’ai pu regarder l’horizon.

 

J’ai entrepris d’abord de reconquérir mon indépendance. J’ai vérifié l’état de mes finances, chose que je n’avais pas faite depuis deux ans… Ma sœur s’était chargée de la gestion de mon compte pendant tout ce temps. J’avais largement de quoi acheter une voiture, mais je n’étais pas certaine de pouvoir conduire. Cela faisait quatre ans que je ne l’avais pas fait. J’ai pris rendez-vous dans une auto-école … pour vérifier. Mission accomplie avec succès. Le moniteur a même été surpris de ma démarche, je ne lui ai pas fourni tous les détails… Quelques jours plus tard, je me suis fait accompagner chez un garagiste. Une « Super 5 » rouge, ... rectification : euh une 205 rouge, je ne sais même pas si cela existe, les Super 5 !!! :), vingt mille kilomètres à peine, m’attendait manifestement !… J’ai aimé sa couleur gaie. J’ai immédiatement signé un chèque. Je n’ai pas pu repartir avec, il fallait actualiser les papiers. Le lendemain, j’ai contracté une assurance : la plus chère qui existe … je crois, sans le savoir. Et en début d’après-midi, je repartais avec ma voiture. Moi qui avais passé beaucoup de temps sur les routes pour mon travail, je commençais à retrouver mes repères… J’ai pu, enfin, aller chercher Ludovic pour les weekends par mes propres moyens.

 

Mon deuxième objectif était l’appartement. Il s’est avéré beaucoup plus difficile à atteindre. Malgré les documents attestant que je percevais tous les mois une somme coquette d’indemnités maladie de la sécurité sociale et de ma caisse complémentaire, les régies me demandaient une caution solidaire. C’est vrai qu’à Paris, l’agence m’avait demandé une lettre de mon employeur justifiant de mes revenus, le bulletin de salaire ne leur suffisait pas !… Et personne ne voulait me rendre ce service. Cela a été très dur pour moi qui n’avait jamais trahi quiconque et vraiment pas le style à faillir à ma parole. Mon entourage avait pu le vérifier. Mais là, depuis ma psychose, tout avait changé. Deux ans que mon image avait disparu et fait place à l’incertitude la plus totale. J’étais devenue quelqu’un qui angoisse et fait du souci à son entourage, qui ne peut même pas s’occuper de son enfant toute seule, qui déprime et ne fait rien de productif, pas même rendre des petits services spontanément à sa mère et qui a même fait un découvert sur son compte bancaire. Je viens de prendre conscience de tout ceci maintenant et je comprends cette attitude collective de refus. Je me demande à ce propos, s’ils avaient vraiment les moyens de se rendre compte du changement radical qui s’était opéré en moi. D’autant plus que je n’avais rien prouvé après tout.

 

Je n’avais pas conscience qu’un changement d’état mental puisse ne pas se voir.  note 11.1  Encore maintenant, je sais que de nombreuses personnes de mon entourage, même proche n’ont pu comprendre où j’avais atterri. Et ceci d’autant plus que les gens qui savent vraiment communiquer ne sont pas très nombreux. C’est tout de même malheureux qu’il me faille écrire cette page pour me rappeler le nom de la personne qui m’a accordé sa confiance, et que je doive rechercher dans mes archives de location d’appartement ! J’accepte volontiers de le faire, parce que je ne mets pas mon honneur dans ma mémoire, et j’ai pu constater combien est grande la récolte de ce travail de fourmi, y compris réactiver ma mémoire… Mon frère s’est porté garant. Comment ai-je pu l’oublier ? Le même qui est venu à Paris lorsque j’étais hospitalisée à l’Hôtel-Dieu. Déjà passé par l’hôpital psychiatrique, lui seul pouvait me comprendre. Merci encore pour cette confiance. Avant d’avoir trouvé le document, j’en ai été convaincue tout en feuilletant les pages de mon dossier. Ne trouvez-vous pas incroyable de retrouver des souvenirs en feuilletant un dossier, sans lire, ni voir l’information recherchée ?

 

J’ai mis à profit la période qui a suivie pour me réorganiser.

J’ai commencé à déballer tous les cartons et à ranger. J’avais choisi un F4 avec vue sur la ville perchée sur la colline voisine. Quand je l’ai visité, j’ai failli ne pas le prendre à cause de sa situation au septième étage ! Et en particulier, me retrouvant sur le balcon, j’ai dû regarder l’horizon pour ne pas défaillir. Mais il me plaisait tant que je l’ai pris quand même avec l’idée que je m’habituerais. Le contour du balcon était plein et assez haut, donc pas de problèmes de sécurité. Ce choix ne vous paraît pas incroyable pour quelqu’un d’angoissé et qui a toujours souffert du vertige ? À moi, si, avec le recul ! Et ça a marché ! Au bout d’un certain temps, je n’avais même plus du tout le vertige… De la hauteur de cet appartement, pas de partout ! Il ne faut pas exagérer ! J’ai beau savoir depuis très longtemps que je dois ce trouble à mon petit pendule de l’oreille interne, je ne contrôle pas en toutes circonstances… Note 11.2  J’ai retrouvé le goût de l’ordre. J’ai entrepris de classer tous mes papiers, comme je le faisais auparavant. C’était une des qualités que mes collaborateurs et supérieurs hiérarchiques me reconnaissaient, cela faisait d’ailleurs partie des choses que j’ai enseignées à mes collègues technico-commerciaux. Une bonne organisation dans l’espace permet de travailler plus sereinement et plus efficacement, et constitue à elle seule un pan de mémoire.

 

 

J’ai préparé la chambre de Ludovic. C’était la première fois. Et j’ai rangé tous ses petits vêtements dans le placard mural et la petite commode en pin assortie à son lit à barreaux. J’ai mis tous ses jouets dans une grande balle à linge en osier dans le salon, pour qu’il se sente bien chez lui avec moi. J’ai beaucoup lu aussi. La bibliothèque dans l’immeuble en face m’a permis de le faire à moindres frais. Je n’ai pas le souvenir des titres, ni des auteurs, mais de ce que, contrairement à mes habitudes, j’ai lu des romans, des très bons. En général, je suis plutôt attirée par les essais et par les expériences vécues. J’ai pu constater que j’étais incapable de faire le moindre compte-rendu de mes lectures. Mais comme j’ai trouvé de la satisfaction à lire, à faire cette rencontre, j’ai persévéré.

 

 J’ai aussi continué à faire mes démarches pour que mon fils retrouve son foyer à plein temps, c’est-à-dire moi. J’avais dû, malgré tout, contester la décision de Justice, puisque deux mois plus tard, j’étais invitée par le juge des enfants suite à ma demande. Une expertise psychiatrique a suivi et six semaines après, le Juge des Enfants a élargi mon droit de visite et d’hébergement.

 

 

 

 

Carrément quatre jours par semaine ! Plus toutes les vacances de Pâques ! Super ! Et ce que j’apprécie aujourd’hui, en lisant cette lettre, c’est ce petit bout de phrase qui commence le courrier du Juge des enfants : « En réponse à votre courrier reçu ce jour, … » Voilà quelqu’un qui a été sensible au besoin urgent de changer les modalités de son action et qui a écouté son interlocuteur. Quand on sait la surcharge de travail qu’ont les juges, on peut apprécier d’autant plus ce geste. Merci, pour cette attention.

 

On verra la suite plus loin, car à la même époque, il s’est passé un événement très important qui me contrarie encore maintenant, c’est l’objet du chapitre suivant.


 


1.1   Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai subi un coup d’état de mon inconscient. Celui-ci se présente sous la forme d’une réorganisation spontanée de la structure qui sous-tend la pensée. Je ne sais pas si ce sont vraiment des mots adaptés.

 

J’avais en mon cerveau comme une sorte de corps indésirable :

Support de mon refoulement de la maternité, angoisses et terreurs jointes,

Qui rendait l’équilibre impossible.

Ce corps a jailli à la surface pour être évacué,

Provoquant les troubles de comportement si déroutants,

Angoisses et terreurs associées ont mis du temps à s’effacer.

 

Un peu comme si dans toute une zone d’un circuit électrique,

On avait remplacé certains conducteurs par des isolants.

Le courant a pris des nouveaux chemins, de plus en plus détournés,

Jusqu’à paralyser le système, tant il était rallongé et compliqué.

 

La pompe à électrons continuait à marcher,

La tension entre certains points est devenue si grande,

Que les électrons ont franchi les barrières isolantes,

Avec une telle énergie, ça a provoqué des courts-circuits.

La décharge passée, les électrons ont continué,

À avancer tout en accéléré, jusqu’à ce qu’ils soient calmés.

 

Mais ce circuit particulier était naturellement « cloné »

Le temps que tout soit reconnecté, ça s’est remis à fonctionner

 

Les électrochocs serviraient-ils de démarreur pour ceux dont le circuit s’est arrêté de fonctionner ? Ranimer les « électrons » vraiment trop calmés ? Ou alors, est-ce une remise en phase ? Pour aller au-delà, il a fallu que je prenne conscience et que je revisionne tout. Je ne l’ai pas fait volontairement, cela s’est passé naturellement, inconsciemment.

 

Le plus bizarre, c’est que tout se passe comme si j’avais fait une régression tout le temps de la maladie. Je ne le pense pas. Je suis plutôt presque sûre que c’est un pan entier de ma personne qui n’avait pas grandi et qui s’est imposé dans la réaction, masquant tout le reste de mon être, telle une loupe grossit la zone que l’on veut observer pour faire une intervention. Sauf que, dans ce cas, il semble logique qu’une zone inutilisée n’ait pu bénéficier de l’expérience (information intégrée) acquise par le reste de l’entité.

J’ai utilisé délibérément le terme réaction, parce que comme les relations entre les individus me font beaucoup penser aux réactions de chimie et en particulier aux différentes sortes de liaisons entre les atomes, la psychose, pour sa part, m’évoque la radioactivité. Et je vois sans peine les individus, au quotidien, semblables à des atomes, soumis tantôt à des bombardements de neutrons, de photons, au repos, entrant en réaction chimique, etc. Et je trouve que c’est plus facile à manier comme ça. Cela donne un corps à l’esprit. Et si jamais on découvrait les lois de cette nature, cela faciliterait la vie de bien des personnes.     

retour à Je n’avais pas conscience qu’un changement d’état mental puisse ne pas se voir.

 

 

11.2   Je vous conseille à ce propos la lecture d’un ouvrage très enrichissant, qui s’est échappé de ma bibliothèque depuis un bon bout de temps. J’ai oublié le nom de l’auteur, mais le titre m’est resté en tête : « Le merveilleux dans le monde animal », paru en livre de poche, dans les années 70. 

retour à je ne contrôle pas en toutes circonstances…

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Paulette Benetton

Isère, ARA, France

née en 1952

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3e cycle Biochimie et Chimie Organique

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