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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 17:17

 Parcours de santé mentale, [1994-2002] V1 autoédit. 2002  allégée, accueil et articles 1-26

 

Saviez-vous pourquoi j'avais tiré le rideau ? Je ne l'avais pas tiré volontairement, il est tombé tout seul !  Vous le saviez ! J'en étais sûre, mais savez-vous ce qu'il y a derrière ? L'être. Et le rideau, l'ensemble de tous les filtres, c'est le  pare-être , que je ne peux assimiler au paraître. Paisible, immobile, cela repose. On n'y a pas peur.

 

J'avais découvert ce coin en moi, vingt ans plus tôt. Je venais de découvrir ma sœur dans les bras de celui que je croyais être l'amour de ma vie ! ( un de plus...) Pour toute explication, il m'a dit nous avoir confondues ! À cet atterrissage forcé, j’ai été sonnée comme si j’avais reçu un violent coup de massue et je me suis retrouvée totalement anesthésiée. Pressentant que j'aurais besoin d'aide, pour me protéger, je me suis tout de suite rendu chez des amis : Babeth et Laurent, dans la petite maison de banlieue ouvrière qu’ils louaient, pas très loin de l’Université. Elle a été démolie depuis, il y a un gros immeuble à la place. À mon arrivée, à peine assise dans le salon où murs et plafond étaient tapissés, ornés avec des gros motifs, style années cinquante, tous ces détails ont commencé à se rapprocher de moi. J'ai très vite expliqué ce qui venait de m'arriver : le choc psychologique que j’avais reçu et cette hallucination qui commençait. Au début, j'ai cru à un retour d'acide. J’ai cru devenir folle. Je leur ai fait promettre de ne pas appeler de médecin. Je redoutais que l'on m'enferme. J'avais peur qu'on m'empêche d'aller jusqu'au bout. Je leur ai demandé l'asile quelques jours, leur confiance, leur présence. En échange, je leur ai donné l'assurance que je ne voulais pas attenter à ma vie et les ai autorisés à me surveiller totalement où que je sois dans leur habitation. Il était clair que si je rompais le pacte, eux aussi. Ils m'ont donné un lit et à manger. Ils m'ont entourée de leur amitié, sans bruit. Ils avaient peur. Et moi aussi.

 

Ma descente a alors commencé. J'ai d'abord pris conscience que je souffrais par rapport à un énorme mensonge que j’avais édifié en moi. J'avais cru en ma perception sans vérifier si elle était partagée et j'en avais fait pour moi la réalité.  C'était un mirage ! Cette révélation a été terrible. Jamais je n'avais imaginé que cela puisse arriver. Mentir à quelqu'un, cela n'était pas nouveau, bien que je n'aie jamais aimé le faire. Je reconnais toutefois y avoir eu recours surtout pour échapper à la violence de certaines personnes. Mais à soi-même ! Pourquoi ? Ce n'est pas possible ! C'est insupportable ! Je me sentais coupable. Très mal à l'aise avec moi-même. Et qui plus est avec les autres ! J'ai alors amorcé la destruction de l’édifice, à moins qu’il ne se soit écroulé tout seul, à la manière d’un château de cartes ! Les morceaux ? Mon acquis, tout ce que j'avais appris et par là-même, avais fait mien, ce qu'on m'avait enseigné volontairement ou non, ce que j'avais ingurgité volontairement ou non, tout ce que l’éponge avait absorbé depuis le début, des réflexes, des coutumes, des habitudes, des idées... Une surprise m'attendait. Il restait quelque chose, mais cela ne cassait pas, indémontable, indéracinable ! L'image que j'ai perçue à ce moment-là est celle d'un diamant noir de section hexagonale et pointu au sommet, planté sur un îlot d'une grotte lacustre souterraine. J'étais encore là. Il y avait un fond dans ce puits et je n'étais pas morte à l’atterrissage. Pas de désespoir à cet endroit.

 

En écrivant ces lignes, je me souviens avoir fait de nombreuses fois le rêve de la chute interminable dans un puits et de m'être réveillée en sursaut par peur de l'arrivée. Ce jour-là ou les dernières fois que je l'ai fait, je suis arrivée au fond et vivante. C'est ainsi que ce rêve a fini par s'évanouir, probablement avec cet épisode. J'ai remarqué que les quelques rêves à répétition que j'ai faits, se sont toujours arrêtés simultanément avec la résolution du problème que j'avais dans la vie quotidienne.

 

Ce diamant représentait en fait ce que l'on appelle les valeurs humaines. Je n'ai pas le souvenir de leur qualité. Je ne me permettrai pas de les identifier pour vous, ni non plus, de dire que le diamant était hexagonal à coup sûr. Voici la seule chose qui me soit restée : sa dimension verticale, c'est l'amour. Mais pourquoi noir, ce diamant ? Je ne m'étais jamais posée cette question auparavant. Il était pourtant de cette couleur. Le blanc réfléchit la lumière, l'incolore la laisse passer et peut même la dévier de sa trajectoire dans certaines conditions, et le noir l'absorbe. J'interprète cette image de cette façon : le noir symbolise la capacité d'absorption de tout ce qu'on a « com-pris » au sens propre du terme, prendre avec soi, au fil des jours. L'être humain étant conscient, il a aussi la capacité de régurgiter tout ou partie en cas d'empoisonnement.

 

 J'ai ensuite regardé autour de moi et j'ai vu les morceaux entassés. C'est l'image que j'ai gardée. Je me suis rendu compte que tous les morceaux n'étaient pas à jeter et qu'il y en avait même beaucoup à récupérer. J'ai commencé à faire un tri et à rebâtir au fur et à mesure jusqu'à ce que j'aie terminé. Ce travail achevé, j'ai souri. Je me sentais bien, comme toute neuve.

 

Cela devait faire trois à quatre jours que j'étais entrée dans la petite maison de mes amis. J'ai recommencé à parler, mais… Voilà que je bégayais ! Je n’ai pas été trop surprise après ce que je venais de vivre. J'ai remercié mes amis pour m'avoir aidée, soutenue dans le silence et je suis partie chez mes parents. C'était début juillet, la cueillette des cassis avait commencé au village et on n'attendait plus que moi. Personne dans la famille n'a pris au sérieux mon bégaiement, malgré mes efforts pour les convaincre. Ma mère n'en a même pas le souvenir : évacuation immédiate de ce qui est insolite ou amnésie ? Ce bégaiement, qui plus est, était bien réel. Plusieurs de mes frères et sœurs s'en souviennent. C'était difficile d'expliquer ce qui venait de m'arriver, je me suis tue. Toute la journée à moitié cachée, par état de fait, assise sur un coussin, un grand tablier attaché à la ceinture pour collecter les fruits, sous les arbustes à détacher les petites grappes parfumées, je pouvais écouter les histoires des autres, la musique à la radio, chanter, penser. Ça s'est arrêté tout seul.

 

Sceptique ? Pensez à tous ceux qui sont morts parce qu'ils n'ont pas pu faire ce voyage, et qui ont choisi cette issue parce qu'ils ignoraient qu'il y en avait une autre ! Ils ont rajouté mensonge sur mensonge pour mieux se cacher cette réalité qu'ils n'ont pas comprise. Ils ont tourné en rond jusqu'au désespoir et à la fin se sont jugés coupables. Coupable ? Coupable d'exister, d'être un diamant noir qui absorbe et régurgite, mais qui ne savait pas que même quand on a tout régurgité, il reste toujours le diamant noir qui peut trier et choisir ce qu'il absorbe dans son obscurité intérieure. Pensez aussi à ceux qui vivent dans des camisoles chimiques trop serrées et à qui personne ne sait comment tendre la main. Pensez à ceux qui préfèrent ne pas faire un pas en avant de peur de retomber à nouveau. Pensez à ceux qui croient que les coupables, ce sont les autres et se vengent sur eux physiquement et/ou verbalement. Pensez aussi à leurs victimes.

 

À vous qui n'avez jamais été que des témoins et ont fait l'autruche parce que cela vous a fait peur, pensez que ceci peut vous arriver aussi. Oui, cela peut arriver à tout le monde parce que « Tout le monde peut se tromper ». C'est bien connu, non ? Sauf qu'on n’imagine jamais jusqu'à quel point. Bien que chaque être humain soit unique au monde, nous avons l'incroyable chance de pouvoir communiquer entre nous. Cela paraît banal, mais ça ne l'est pas du tout. Il y a tant de points communs. Même si nous n'avons pas les mêmes idées, notre cerveau fonctionne selon les mêmes principes. Les barrières n'existent pas, notre inconscient les fabrique ; seules leurs conséquences factuelles sont réelles. Nous avons la faculté de pouvoir les déplacer consciemment dans un sens ou dans l'autre et même de les enlever. C'est ça, la liberté !

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Paulette Benetton

Isère, ARA, France

née en 1952

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